Si on veut conduire les enfants à mieux penser (pas seulement plus, mais mieux), si on accepte l’idée que l’objectif de l’éducation est de rendre les enfants capables de penser par et pour eux-mêmes, alors il importe qu’ils s’engagent personnellement dans l’acte de penser et construisent ainsi, avec le temps et la répétition, la puissance de produire eux-mêmes les résultats. Comme on apprend à marcher en marchant, on apprend à penser en pensant. Dans les deux cas, ce qui est central, c’est le mouvement.
Un mouvement, disait Lipman (père de la philo pour enfants), ressemblant à celui du voilier qui, naviguant d’une rive à l’autre, progresse vers sa destination finale. L’intérêt de cette métaphore tient en partie dans l’idée que la pensée d’un enfant, comme celle de tout être humain, bien qu’essentiellement libre, ne l’est pas entièrement. Lorsqu’on conduit les enfants à s’engager dans un processus de recherche, on les invite du même coup à tenir compte des vents et marées qui sont le lot de tout processus de recherche. En outre, l’important ici n’est pas tant la destination que le voyage lui-même, car c’est surtout par lui qu’on apprend à naviguer avec la vie.
Dans un monde en perpétuelle mutation, l’économie humaine est devenue une toile complexe de dynamiques, d’ambitions et d’inégalités. L’équilibre qui est censé sous-tendre cette structure semble souvent s’évaporer, laissant derrière lui une incohérence profonde. Les quêtes incessantes de richesse matérielle, la course effrénée à la croissance économique et la déconnexion avec la nature ont semé les graines de la discorde et de la discorde au sein de notre réalité économique.
La réalité économique telle que nous la connaissons est marquée par des contradictions criantes. D’un côté, il y a l’abondance, la technologie de pointe, et l’accumulation effrénée de richesses. De l’autre, l’insécurité financière, la pauvreté et la destruction de l’environnement. L’injustice règne, avec une poignée de privilégiés prospérant tandis que des millions d’autres luttent pour joindre les deux bouts.
La surconsommation, sous-tendue par une économie basée sur le profit, est devenue la norme. Cette course effrénée pour toujours plus a conduit à la dégradation de notre planète, mettant en péril les écosystèmes, les ressources naturelles et notre propre survie. Nous avons oublié notre dépendance fondamentale à l’égard de la nature, négligeant ses signaux d’alarme incessants.
Pourtant, malgré ces incohérences, il y a de l’espoir. Les preuves établissent que des changements sont en cours. Les mouvements pour une économie plus verte et éthique se multiplient. La prise de conscience de l’interconnectivité entre les systèmes économiques, sociaux et environnementaux grandit. Des théories alternatives émergent, mettant l’accent sur la durabilité et l’équité.
Ces changements sont soutenus par l’évolution technologique, la croissance du partage de l’économie, et un désir croissant de réduire le gaspillage et de rechercher la qualité de vie plutôt que l’accumulation matérielle. L’éducation joue un rôle clé dans cette transformation, formant des citoyens conscients des enjeux économiques et environnementaux.
Cependant, il ne suffit pas de reconnaître les incohérences de notre réalité économique. Il est nécessaire d’agir, de repenser nos priorités, de rétablir l’équilibre. Nous pouvons nous tourner vers les enseignements de la nature, la géométrie euclidienne, et d’autres modèles philosophiques pour guider notre chemin vers un avenir plus harmonieux.
Nous sommes à un carrefour, où nous pouvons choisir de maintenir le statu quo ou de rétablir l’harmonie entre l’homme, l’économie et la planète. L’incohérence de la réalité économique humaine peut devenir une cohérence renouvelée, à condition que nous prenions conscience de nos actions et des liens profonds qui unissent tous les aspects de notre monde.
Le choix nous appartient, mais il est temps de rétablir l’équilibre et de construire un avenir où la réalité économique s’harmonise avec notre essence la plus profonde, une réalité ancrée dans la sagesse, la durabilité et l’équité.
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