Comment mesurer le progrès en philosophie pour enfants?

 

Le progrès en philosophie pour enfants peut être mesuré de plusieurs façons.  En voici deux exemples.

1- On pourra dire qu’il y a eu progrès parce que les membres de la communauté de recherche ont réussi à faire un certain nombre de distinctions considérées comme justes par la communauté.  Dès lors, le progrès est considéré sous l’angle du contenu de la recherche et du discernement qui est en train de s’aiguiser.

2- On peut aussi mesurer le progrès de la communauté de recherche en termes d’intériorisation des outils de la pensée qu’elle permet de mettre en action.  Si au terme d’une discussion, on aperçoit un nombre plus grand d’enfants (ou d’adultes) en mesure d’utiliser plus adéquatement les outils de la pensée (exemples, hypothèse, définition, raisonnement catégorique, renversement des phrases, identification de conséquences…), on pourra dire que la communauté de recherche a progressé, entendant par là que ses membres ont su mieux s’outiller dans le processus qu’elle entraîne dans sa création.  En d’autres mots, il y aura eu un progrès parce que la puissance de l’entendement des participant.e.s à saisir le réel et à donner un sens a augmenté.

Vue sous ce second angle, la communauté de recherche est une théorie constructiviste de la pensée humaine.  Participer à la création d’une communauté de recherche consiste à s’engager dans une activité visant la construction de la puissance de la pensée.  Et par puissance de la pensée, il faut entendre la capacité, non donnée à la naissance, de juger d’une manière adéquate. L’hominisation de Teilhard de Chardin est à rapprocher de cette création de puissance de la pensée humaine.

Or cette création de la puissance humaine de pensée fait aussi l’histoire de l’être humain.  Il y a évolution de la pensée de chaque enfant.  Et cette évolution consiste en partie à prendre une certaine distance par rapport à l’univers de son expérience en se la représentant.  Ainsi, pouvons-nous donner un sens à cette expérience.

De ce point de vue, la communauté de recherche, qui est la condition d’apprentissage des puissances de la pensée humaine, apparaît comme un instrument de lucidité.  La communauté de recherche est ce par quoi le monde s’éclaire.  La communauté de recherche, instrument de médiation, est une sorte de lumière dont chacun des participants est le lieu même.  C’est à travers la communauté de recherche que les participants pensent leur expérience et peuvent du même coup communiquer entre eux.

Plus on s’engage dans la création d’une communauté de recherche, plus on diminue l’improvisation qui caractérise ses premiers moments. En d’autres termes, plus on avance dans la construction de la communauté de recherche, plus on assiste à une expression toujours plus médiatisée par des représentations préalables que nous avons intériorisées grâce à notre participation à la création de la communauté de recherche.  Les outils de la pensée, qui se virtualisent à mesure qu’on avance dans la création de la communauté de recherche, deviennent des conditions de possibilité toujours plus stables, rigoureuses et efficaces de l’expression de la pensée.

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