John Dewey
Le pragmatisme qui caractérise Lipman (père de la philo pour enfants)– il n’a jamais caché son sentiment favorable à l’égard du pragmatisme en général et de celui de John Dewey en particulier – l’a conduit beaucoup plus loin que l’horizon théorique entrevu par Dewey. En effet, au lieu de se satisfaire d’une considération purement théorique sur la nature même d’une éducation intellectuelle, il envisagea en plus la mise sur pied d’un programme de philosophie, entièrement redessiné si on le compare aux programmes actuels, qui saurait répondre aux objectifs qu’il s’était fixé; de l’intention, il poussa donc le projet jusqu’à sa réalisation et créa un programme de philosophie pour enfants.
J’ajoute que, à en juger par les nombreuses remarques que Lipman fait ici et là afin de marquer la distance qui le sépare de John Dewey, il y a tout lieu de croire que ce que Lipman doit, semble-t-il, à ce philosophe ou à C. S. Pierce (la communauté de recherche), G. H. Mead (la construction de la personne dans la société), J. Buchler (la présence du jugement dans le dire, le faire et l’agir) ou L. Vygotski (le développement intra-psychique redevable des rapports inter-psychiques), c’est moins des doctrines précises qu’il aurait adoptées qu’un appel énergique de son attention sur des problèmes que ces philosophes étaient naturellement enclins à aborder et à approfondir, des problèmes dont il était curieux, et dont parfois, dans certains milieux peu portés à considérer ce qui caractérise fondamentalement l’être humain dans les différents moments de son développement, on lui reproche de surestimer l’importance.
Pour en savoir davantage sur la dimension éducative du pragmatisme de John Dewey, on consultera avec profit les deux articles suivants: