Note au lecteur: article publié dans la défunte revue Médiane il y a déjà presque 20 ans. Le considérant toujours actuel, je le publie ici à nouveau avec quelques parenthèses pour le mettre à jour et l’espoir qu’il continuera de nourrir la réflexion et l’action.
La naissance de la philosophie se perd dans la nuit des temps. Mais on devine que des êtres humains, à un moment donné de notre histoire, ont commencé à se poser des questions essentielles sur le sens de leur vie. Ce questionnement a franchi les siècles, il s’est précisé avec la venue de la Grèce Antique et en ce début de 21e siècle, nous nous posons les mêmes questions essentielles que l’homme de l’âge préhistorique sur le sens de ce que nous faisons quotidiennement. Cela ne veut pas dire que nos réponses soient exactement les mêmes que les siennes.
Jusqu’à très récemment, on estimait que ces questions étaient réservées à l’homme ou à la femme ayant un âge plus ou moins avancé. Mais depuis 1969, ce préjugé fait l’objet d’un examen qui remet en question notre conception non seulement de la philosophie, mais des capacités des enfants à s’interroger sérieusement sur le sens de leur expérience. C’est à la fin des années ’60, en effet, qu’un philosophe américain, Matthew Lipman, a commencé à redessiner la pratique de la philosophie. Il a voulu la rendre accessible aux enfants, afin qu’elle serve à former leur jugement, qu’elle les rende plus critiques, plus créatifs, qu’elle les habitue à réfléchir avant d’agir, notamment lorsqu’ils sont au cœur même de situations conflictuelles. Lire la suite