Préservation du sens et de la vérité: deux piliers en philosophie pour enfants

libéraux

Matthew Lipman aimait à dire que son programme de philosophie pour enfants met l’accent sur le développement de 4 habiletés de penser génériques: raisonner, rechercher, organiser l’information et interpréter.  Mais il ajoutait que ces quatre habiletés reposent in fine sur deux habiletés fondamentales: celle d’inférer et de traduire. Voyons d’un peu plus près.

L’inférence est un procédé de la pensée utilisé au moment de raisonner. Il s’agit alors de passer d’une vérité (assertion garantie jusqu’à preuve du contraire) à une autre avec le souci de préserver ce qu’on estime alors vrai.  Ainsi si je dis: «Tous les enfants sont des êtres humains.» (phrase que je pense vraie), «Toutes ces personnes dans ma classe sont des enfants.» (phrase que je pense aussi vraie), je peux en conclure que «Toutes ces personnes dans ma classe sont des êtres humains.» Je fais le passage d’une phrase vraie à une autre qui me conduit vers une troisième qui sera vraie, non pas parce que je le pense, mais parce qu’elle s’appuie sur les deux premières. Dans ce passage, mon souci aura été de préserver la vérité contenue dans les deux premières phrases afin de pouvoir en retrouver la valeur dans la troisième. Par contre, si je dis: «Tous les humains sont des êtres pensants.» «Certaines personnes sont idiotes.»  «Donc tous les humains sont idiots.» Alors là, loin de préserver la vérité contenue dans les deux premières phrases pour aboutir à la troisième, je mets dans la troisième ce que je n’avais pas dans les deux premières.  Je passe d’une quantité particulière à une quantité universelle.  Je m’octroie le droit de détenir 5$ alors que je n’en avais que 3$. Cette inférence est inadéquate et doit être reconnue comme telle. On a omis de préserver la vérité des prémisses qu’elle contient.  Et cette opération est tout aussi importante lors d’un raisonnement qu’elle peut l’être lors de l’enquête.

D’un autre côté, il n’y a pas que la quête de vérité en jeu en philosophie pour enfants. Il y a aussi la quête de sens. Celui-ci a plus d’une signification. Ramené à celui de la signification que les mots ont dans nos discours, il occupe une place importante en philosophie pour enfants. Mais alors que l’inférence vise à préserver la vérité dans le passage qu’elle permet d’accomplir, la traduction, de son côté, vise à conserver le sens dans le passage qu’elle permet également d’accomplir, et ce peu importe si ce qui est dit est vrai ou faux. Par exemple, si je dis: «Un chien est un chat.» et qu’on me demande de traduire cette phrase en anglais: «A dog is a cat.» peu importe que la première phrase soit vraie ou fausse, l’important est de conserver le sens de la phrase d’origine. Cette habileté est au fondement de la conceptualisation et de l’interprétation en philosophie pour enfants. Et elle se pratique notamment par le souci de bien écouter l’autre, de prendre le temps de reformuler ses propos, de lui demander si nous avons bien compris ce qu’il vient de dire, etc.

Ces deux habiletés sont non seulement fondamentales en philosophie, mais dans toutes les matières enseignées à l’école. Bien pratiquées en philosophie, elles deviennent des outils génériques indispensables pour la réussite scolaire.

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