(Article légèrement remanié et publié une première fois dans la revue Interface (revue de l’ACFAS).
D’entrée de jeu, éliminons un préjugé : l’idée de faire de la philosophie avec les enfants n’est pas récente. Déjà, au moyen âge, on invitait les enfants à s’initier, vers l’âge de 12 ans, aux principes de la logique.[1] Ce que notre époque apporte de particulier dans cette longue histoire des rapports entre la philosophie et les enfants, c’est la venue d’un programme structuré permettant aux enfants, dès la maternelle, de pratiquer l’ensemble des disciplines qu’on retrouve en philosophie (éthique, esthétique, logique, métaphysique, etc.). On doit l’existence de ce programme à un philosophe américain, Matthew Lipman (et sa collaboratrice Ann Margareth Sharp), qui, à la fin des années ’60, envisage sérieusement l’idée de redessiner l’enseignement de la philosophie dans son ensemble afin qu’elle devienne accessible aux enfants et qu’elle puisse dès lors servir d’instrument pour la formation intellectuelle et morale des adultes de demain. Lire la suite