Pourquoi je n’aime pas le mot «débat»! Por que no me gusta la palabra ‘debate’!


Je reviens d’un séjour en Suisse pendant lequel j’ai eu la chance de rencontrer de merveilleuses personnes. Des gens dévoués à l’éducation du petit de l’être humain, des gens heureux de contribuer au développement d’une société meilleure parce qu’habitée par des personnes raisonnables capables de faire preuve de jugement nuancé.

L’une des choses qui m’a beaucoup marqué lors de mon passage en Europe ces derniers jours est l’emploi fréquent du mot «débat» pour décrire la recherche qui est en jeu dans une communauté de recherche philosophique. Le mot «débat» a plusieurs sens et de nombreuses connotations. Parmi celles-ci se trouve la fameuse connotation du débat des chefs pendant la campagne électorale. Que retenons-nous de ces débats? Plus souvent qu’autrement: qui a gagné, qui a perdu?

En ce sens étroit, le mot «débat» est inapproprié pour décrire ce qui se passe dans une communauté de recherche philosophique. Dans un tel contexte, il ne s’agit pas d’un débat, mais d’une délibération. Pourquoi tant insister? Parce que le mot «débat» nous renvoie, sans s’en rendre compte peut-être,  à l’idée qu’un point de vue doit l’emporter sur un autre, peu importe comment nous y parviendrons. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de délibérer. La délibération est une recherche et la recherche peut nous mener, non pas à la confrontation de différents points de vue, mais plutôt à la rencontre de ces derniers dans un effort de compréhension visant à réunir cette diversité en une image qui donne un sens élargi à notre expérience.

Bien que le mot «débat» puisse nous renvoyer à «une discussion ou un ensemble de discussions sur un sujet, précis ou de fond, à laquelle prennent part des individus ayant des avis, idées, réflexions, opinions plus ou moins divergents» (Wikipedia), il n’en demeure pas moins que ce mot a une connotation qui nous conduit à penser à la confrontation, à la divergence d’opinions, et à un résultat permettant de croire qu’un point de vue, une position, un argument sera plus fort qu’un autre. Dans une communauté de recherche philosophique, la confrontation de points de vue est bienvenue, mais la recherche ne saurait se limiter à cette confrontation. La recherche philosophique ne vise pas nécessairement à rechercher le point de vue qui devra l’emporter sur tous les autres. Il s’agit d’explorer la diversité des points de vue, d’imaginer comment ils peuvent se combiner entre eux, de voir comment l’objectivité peut être le résultat de l’intersubjectivité, autrement dit de la rencontre des différents points de vue et non du fait qu’un point de vue l’emportera sur les autres.

Parfois, il arrive qu’un point de vue soit à l’honneur car les arguments, exemples, analogies… nous conduisent à penser que ce point de vue a plus de sens, est chargé de plus de vérité que les autres présentés lors de la recherche. Mais ce n’est pas toujours le cas, car la vérité, la signification peuvent avoir plusieurs visages qu’il importe de prendre en considération si l’on souhaite vivre avec l’incertitude. Prenons un exemple pour mieux saisir ce qu’il en est. Supposons que la question à l’ordre du jour soit: est-il toujours mieux de dire la vérité? D’entrée de jeu, certains soutiendront que oui, car, estiment-ils, si on ne dit pas toujours la vérité, la confiance qu’on nous accorde pourra éventuellement être détruite.  Et sans la confiance, on voit difficilement comment il est possible de vivre ensemble de façon harmonieuse.  Qui plus est, l’honnêteté est une valeur fondamentale dans une société fondée sur le respect. Voilà certainement un point de vue digne d’être considéré. Mais d’autres ajouteront que le contexte pourrait aussi être déterminant pour décider s’il est adéquat ou non de dire la vérité. Ainsi, dans un contexte où la vie d’une personne est en jeu, le fait de mentir pourrait être considéré comme une acte approprié. Voilà un autre point de vue qui mérite aussi qu’on lui accorde une attention. Est-ce que l’un ou l’autre de ces points de vue doit l’emporter? Je crois, je pense qu’ils doivent plutôt être considérés comme pouvant se combiner car, chacun, à sa manière, aide à donner du sens à notre vie, à ce que nous croyons juste de dire, de faire ou de ne pas faire.

Évidemment, il n’est pas dit que tous les membres de la communauté de recherche seront d’accord pour combiner ces points de vue. Certains, au terme de la recherche, un terme toujours temporaire, (cent fois sur le métier…) continueront de penser qu’il est toujours préférable de dire la vérité, d’autres qu’il est parfois plus approprié de mentir (selon le contexte). D’autres, convaincus d’emblée qu’un point de vue ou l’autre était le bon auront peut-être changé d’avis en cours de route.  D’autres encore en viendront peut-être à considérer que la nuance s’impose et que le principe a besoin du contexte pour que le jugement soit raisonnable. Mais l’important dans tout cela, ce n’est pas qu’un point de vue l’emporte sur un autre, mais que chacun puisse, pas après pas, fois après fois, être capable de plus en plus de penser par et pour lui-même avec les autres, que chacun puisse, avec l’aide des autres, découvrir de plus en plus qui il est, ce qu’il pense vraiment, quels sont ses critères, sa personne  (et non le point de vue qu’il doit défendre, coûte que coûte parce qu’on lui aurait imposé, par exemple, dans le cadre d’un concours visant à identifier qui est le meilleur «débatteur»). L’important dans tout cela n’est pas d’identifier, parfois à l’aide d’un vote, le point de vue qui doit l’emporter, mais d’apprendre à vivre avec la pluralité des points de vue, avec la diversité des regards, avec l’incertitude de son existence dans ce mystère immense que nous appelons l’univers.

L’important dans une communauté de recherche philosophique, c’est d’apprendre, disait Ann Margaret Sharp, «que le travail de compréhension critique visant de meilleurs jugements consiste à entrer dans l’univers de l’autre». Quelle phrase!  Quelle phrase!  Si lourde de sens pour comprendre ce qui se passe dans une communauté de recherche philosophique.  Un lieu de compréhension mutuelle, et non un lieu où il s’agit d’éliminer l’univers de l’autre au profit du mien qui serait plus vrai! Certes, la vérité est importante, mais qui peut dire, avec certitude, qu’il l’a enfin trouvée cette vérité grâce à la confrontation? Qui peut dire, sans l’ombre d’un doute: voilà ce qui est vrai, surtout lorsque les questions qui sont en jeu touchent les rapports entre les humains? Humain, trop humain, disait une participante d’une des communautés de recherche vécues à Genève cette semaine… Trop humain, car faillible, car petit dans cette immensité de l’univers  dans lequel nous sommes.

Voilà pourquoi je pense qu’il importe de retirer de notre vocabulaire le mot «débat» quand il s’agit de décrire ce qui se passe lorsqu’on contribue à la création d’une communauté de recherche philosophique. La délibération a bien meilleur goût. Certains ne seront pas d’accord avec moi et j’en suis bien content, car je m’avance, comme disait Montaigne, vers celui qui me contredit, vers celui qui m’instruit. L’humilité a sa place, même en philosophie, surtout en philosophie! Une amie, Stella M Accorinti a eu la généreuse idée, et la gentillesse de traduire l’article en espagnol… Le voici:

Acabo de regresar de una estancia en Suiza durante la  cual tuve la oportunidad de conocer a gente maravillosa. Personas  dedicadas a la educación de pequeños seres humanos , gente feliz de contribuir al desarrollo de una sociedad mejor,  habitada  por personas razonables capaces de ejercer un juicio equilibrado. Una de las cosas que me marcaron mucho cuando estuve en Europa en esos días fue  el uso frecuente de la palabra « debate » para describir la investigación en que está involucrada en la comunidad de investigación filosófica. La palabra « debate » tiene muchos significados y muchas connotaciones. Entre ellos se encuentra la  famosa connotación de debate de los líderes durante la campaña electoral. Que recordamos de  estos debates? No más de una cosa: ¿quién ganó, quién perdió? En este sentido estricto, la palabra « debate » es inadecuada para describir lo que sucede en la comunidad de investigación filosófica. En este contexto, no se trata de  un debate, sino de una deliberacion . ¿Por qué la insistencia? Debido a que la palabra « debate » nos lleva sin darnos cuenta tal vez, a la idea de que un punto de vista debe prevalecer sobre el otro, y no importa cómo llegamos allí. Pero este no es el caso cuando se trata de deliberar. La deliberación es una investigación y la investigación nos puede conducir, no a la confrontación de puntos de vista diferentes, sino a su encuentro en un esfuerzo por comprender esta diversidad de reunirnos en una imagen que da un significado más amplio a nuestra experiencia.Aunque la palabra « debate »  puede referir a « una discusión o un conjunto de debates sobre un tema, exacta o de fondo, a la que asisten las personas con opiniones, ideas, pensamientos, opiniones, más o menos divergentes » (Wikipedia ), el hecho es que esta palabra tiene una connotación que nos lleva a pensar en la confrontación, la diferencia de opinión y una calificación por creer en un punto de vista, una posición, un argumento como mas  fuerte que el otro.   En una comunidad de investigación filosófica, la confrontación de puntos de vista es bienvenida, pero la búsqueda no se limita a esta confrontación. La investigación filosófica no pretende necesariamente recabar las opiniones que prevalecerán sobre todas las demás. Se está explorando la diversidad de puntos de vista, para ver cómo se pueden combinar para ver cómo la objetividad puede ser el resultado de la intersubjetividad, es decir, la reunión de los diferentes puntos de vista y no el hecho de que un punto de vista prevalecerá sobre los otros. A veces sucede que un punto de vista es honrado con argumentos, ejemplos, analogías … y eso no lleva a pensar que este punto de vista tiene más sentido, esta cargado con un plus  de verdad mas que los otros argumentos  presentados en la investigación. Pero esto no es siempre el caso, porque el significado de la verdad  puede tener muchas caras que se deben tener en cuenta si queremos vivir con la incertidumbre. Veamos un ejemplo para entender mejor de que se trata. Supongamos que el tema de la agenda será: ¿es siempre mejor decir la verdad? Desde el principio, algunos dirán que sí, porque, dicen, si no  decimos  siempre la verdad, la confianza que nos han otorgado posiblemente podría ser destruida. Y sin confianza, no está claro cómo es posible vivir juntos en armonía. Por otra parte, la honestidad es un valor fundamental en una sociedad basada en el respeto. Este es sin duda un punto digno de vista a considerar. Sin embargo, otros añaden que el contexto puede ser decisivo para decidir si es adecuado o no decir la verdad. Así, en un contexto donde la vida de una persona está en juego, el hecho de la mentira puede ser considerado un acto apropiado. Esta es otra perspectiva que también merece ser objeto de atención. Acaso uno u otro de estos puntos de vista debe prevalecer? Creo que más bien que se debe considerar como se pueden combinar ya que cada una a su manera, ayudan a dar sentido a nuestra vida, a lo que creemos justo decir, hacer o no hacer. Obviamente, no se dice que todos los miembros de la comunidad de investigadores están de acuerdo en combinar estos puntos de vista. Algunos, después de la investigación,   durante un  tiempo continuará pensando que siempre es mejor decir la verdad, y otras veces que es más apropiado mentir (en un contexto). Otros, convencidos desde el principio que un punto de vista o el otro era el correcto  pueden haber cambiado de opinión a lo largo del camino. Otros incluso pueden llegar a creer que son necesarios los matices y que las necesidades principales del contexto deciden cual  juicio es el mas razonable. Pero lo importante en todo esto no es que un punto de vista prevalece sobre el otro, sino que  todo el mundo puede, paso a paso, una y otra vez, ser capaz de pensar cada vez más por y para si mismo y con los demás, que todo el mundo puede, con la ayuda de otros, descubrir cada vez más quién es, lo que realmente piensa, cuáles son sus criterios, (no la opinión  que él tiene que defender a toda costa porque nos lo  hemos impuesto, por ejemplo, como parte de un concurso para determinar quién es el mejor « polemista ». Lo importante en todo esto no es identificar, a veces con un voto, el punto de vista que debe prevalecer, sino  aprender a vivir con la pluralidad de puntos de vista, la diversidad de miradas, con la incertidumbre de nuestra  existencia en este gran misterio que  llamamos el universo. Lo importante de la comunidad de investigación filosófica es aprender, como dijo Ann Margaret Sharp, « que el trabajo de la comprensión crítica de  los mejores juicios es entrar en el mundo del otro. » ¡Qué frase! ¡Qué frase! Esta frase es particularmente significativa para entender lo que sucede en una comunidad de investigación filosófica. Un lugar de comprensión mutua  no es un lugar donde se va a eliminar el universo del otro en beneficio de lo que sería más cierto! Por supuesto, la verdad es importante, pero ¿quién puede decir con certeza que finalmente descubrió esta verdad a través de la confrontación? ¿Quién puede decir sin una sombra de duda: esto es cierto, sobre todo cuando las cuestiones en juego afectan a la relación entre los seres humanos? Humano, demasiado humano, dijo una participante en una de la comunidades de   investigación que visite en Ginebra esta semana … demasiado humano, falible como pequeño en este vasto universo en el que estamos. Por eso creo que es importante eliminar de nuestro vocabulario la palabra « debate » cuando se trata de describir lo que sucede cuando contribuimos a la creación de una comunidad de investigación filosófica. Deliberación sabe mejor. Algunos no estarán de acuerdo conmigo y me alegro porque , como decía Montaigne, el que me contradice, me instruye. La humildad tiene su lugar, incluso en la filosofía, y sobre todo en la filosofía! 

Traduccion: Stella Accorinti. 30 de noviembre de 2014.

La pratique de la philosophie, l’imagination des enfants et l’éducation à la paix

Extrait du livre Penser ensemble à l’école: Des outils pour l’observation d’une communauté de recherche philosophique en action

«Si tu ne penses pas, c’est comme si tu ne vibrais pas. Parce qu’un cerveau ça te fait penser tout le temps, et sans cerveau tu ne peux pas penser, puis sans penser moi je dis que tu ne peux pas vivre.» Olivier, 2e cycle du primaire

Les philosophes et les enfants sont des alliés naturels, car ils se nourrissent de l’étonnement. Ils aiment être surpris par l’inattendu, l’extraordinaire, l’inespéré. Infatigables, pourrait-on dire, ils aiment la vie, ils aiment penser à elle, et ils sont souvent en train de poser des questions pour lesquelles on ne saurait trouver de réponses définitives. «L’enfance, écrivait Christian Bobin, est dans la vie comme une chambre éclairée dedans la maison noire. Les enfants n’aiment pas aller dormir, n’aiment pas ce congé chaque soir donné à la vie. Cette résistance au sommeil, c’est le visage de l’enfance et c’est la figure même de l’excès: poser des questions qu’aucune réponse ne viendra endormir.» (Bobin, La merveille et l’obscur, Parole d’Aube, p.16) Lire la suite

Les nuances de l’animation philosophique

Grande première!  Je laisse la place à une amie, collègue, Natalie Fletcher, pour le prochain billet!  Natalie est très impliquée dans le développement de la philosophie pour les enfants selon l’approche de Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp.  Natalie est la directrice de Brila, un organisme de bienfaisance qui développe la pensée critique, la responsabilité sociale et l’auto-efficacité chez les jeunes par l’entremise de dialogues philosophiques et de projets créatifs sous forme de camps, clubs et ateliers. Elle est docteure en philosophie à l’Université Concordia. Récemment, je lui ai demandé d’écrire un petit billet sur les qualités de la personne qui anime en philosophie pour les enfants.  Voici le fruit de ses réflexions!

Les nuances de l’animation philosophique

Natalie Fletcher

L’animation d’une communauté de recherche philosophique (CRP) est un art complexe aux nuances souvent imperceptibles. Mais quand on a la chance d’observer plusieurs CRPs consécutives, on peut plus facilement examiner avec soin et attention les qualités d’animation qui font la différence entre un dialogue philosophique adéquat et un qui s’avère enrichissant et comblant pour ses membres. En général, une animation au rhythme lent mais enjoué permet aux membres d’une CRP de mieux saisir ce qui a été dit lors de chaque intervention et donne le temps à l’animateur.trice de les encourager à analyser et à approfondir leur raisonnement tout en cultivant un esprit chaleureux et curieux pour que chaque membre se sente écouté et inclu. De plus, pour accentuer la dimension collaborative du dialogue, l’animateur.trice peut rappeler à la communauté que le travail de recherche leur appartient à tous et que chaque membre a donc un rôle important dans l’évolution du groupe. Pour renforcer le travail d’équipe et l’estime de soi, l’animateur.trice peut aussi démontrer son effort d’apprendre à connaître chaque membre en soulignant une force ou une particularité qui appuie le travail de recherche du groupe. Et en particulier, pour augmenter l’intérêt, le dévouement et l’effort des participant.e.s, l’animateur.trice peut communiquer sa passion et son amour pour la CRP comme pratique de pensée à la fois critique, créative et attentive avec une variété d’interventions, dont celles ci:

—PENSÉE CRITIQUE

  • reformuler pour faire ressortir les implications possibles des propos:
    • sous forme de question:
    • ex: “Tu sembles dire _________; est-ce que ça impliquerait _________?”
    • sous forme d’assertion:
    • “Autrement dit, si X donc Y.”
  • inviter la communauté de se décider sur une suggestion procédurale d’un membre:
    • ex: “Êtes-vous d’accord avec la suggestion de _________ qu’on procède comme _________?”
  • encourager l’évaluation des critères en analysant les exemples et les contre-exemples:
    • ex: “Est-ce que nos exemples correspondent vraiment à _________? Si on les analyse, on pourrait mieux évaluer la validité de nos critères.”
  • suggérer d’ajouter un mot à une question pour la rendre plus prescriptive que descriptive:
    • ex: “On pourrait rajouter ‘doit-on’ ou ‘devrait-on’ pour parler moins de l’empirique et plus de l’éthique?”
  • encourager la communauté à vérifier si une définition antécédente s’applique dans une nouvelle hypothèse:
    • ex: “Avec ta nouvelle position, est-ce que notre définition X fonctionne toujours?”
  • aider les membres à réaliser par eux-mêmes qu’il y a un présupposé à dégager ou une raison à justifier:
    • ex: “Qu’est ce qui est sous-entendu dans ce que tu dis?”
    • ex: “Pourquoi survivre ne serait pas une valeur?”
  • aider les membres à évaluer leurs idées en allant du particulier au général et vice-versa:
    • ex: “Alors selon toi si ça ne peut pas se faire [globalement], ça ne devrait pas être fait [dans ce cas ci]?”
  • demander aux membres de préciser ce qu’ils viennent de faire:
    • “Tu fais quoi avec cette intervention?”
    • “Est-ce que tu as vraiment fait [l’élément en question]?”
  • inviter les membres à comparer ou hiérarchiser leurs critères:
    • ex: “Est-ce que c’est le seul critère qu’on doit considérer?”
    • ex: “Est-ce que certains critères sont plus important que les autres?”
    • ex: “Est-ce que certains critères sont en conflit?”

—PENSÉE CRÉATIVE

  • encourager la communauté à évaluer ses idées en tenant compte du contexte et/ou en testant si elles sont généralisables:
    • ex: “Est-ce que ce critère s’applique dans tous les cas? Ou juste dans certains cas?”
    • ex: “Est-ce qu’il y aurait un exemple de quand X serait toujours bon ou désirable?”
    • ex: “Est-ce que X est justifiable dans certaines conditions ou toutes les conditions?”
  • inviter les membres à dessiner un schéma ou un diagramme pour clarifier leur propos ou réfléchir de façon métacognitive au contenu de leur propos:
    • ex: “Pourrais-tu faire un dessin pour représenter ton point de vue?”
  • aider les membres à considérer l’envers de leur proposition/critère/idée:
    • ex: “Alors l’opposé de X ne serait pas une valeur?”
  • encourager la communauté à réfléchir sur ce que la recherche et le dialogue nécessitent:
    • “On pourrait regarder les implications de cette idée pour la situer dans l’argument qu’on construit.”
  • arrêter un “ping-pong” entre deux ou trois membre en donnant la parole à une nouvelle personne:
    • “_________, tu veux intervenir?” ou “_________, à ton tour d’intervenir!”
  • encourager les membres à définir ce qui compte comme du progrès dans une CRP:
    • ex: “Est-ce qu’on a fait du progrès uniquement si on a répondu à la question?”
    • ex: “Est-ce que les nuances et les distinctions sont un type de progrès?”
    • ex: “Est-ce que le fait de se retrouver dans un plus grand mystère est un type de progrès?”
    • ex: “Est-ce que finir avec plus de questions est un signe de progrès?”
    • ex: “Est-ce qu’on devrait mettre l’emphase moins sur les résultats et plus sur le trajet pour y arriver?”

—PENSÉE ATTENTIVE

  • utiliser de l’humour pour faire remarquer et diminuer les comportements qui pourraient nuire au dialogue, surtout à la pensée attentive (ex: dominer la discussion, parler sans lever la main, manquer de concision, etc.):
    • ex: Membre: “J’ai deux points à partager!” Animateur: “Un seul, bon!” en souriant.
    • ex: “Tais-toi, ___________!” en souriant ou en taquinant.
    • ex: Membre, après une longue contribution: “Je ne sais pas si j’ai été clair!?” Animateur: “J’ai mal à la tête!” ou “Wow, tu viens de faire tout notre travail pour nous!” avec un ton gentil de sarcasme.
  • valoriser et réconforter les membres qui doutent de la pertinence de leur propos en s’abaissant un peu soi-même:
    • ex: “Moi non plus, je ne sais pas de quoi je parle!” en riant.
  • faire ressortir les voix minoritaires, timides ou silencieuses dans la communauté:
    • ex: faire référence à un plan de discussion et demander les premières questions à ceux et celles qui n’ont pas encore parlé
    • ex: demander aux auteur.e.s de la question de commencer le dialogue
  • mettre en évidence ce que les observateurs.trices ont dit pour offrir des suggestions aux membres sans les critiquer:
    • “Si les observateurs ont raison à propos de [élement X], vous auriez pu intervenir pour faire justifier les points de vue sur _________.”

Pour en apprendre plus sur les nuances de l’animation d’une CRP, consultez les livres Penser ensemble à l’école de Michel Sasseville et de Mathieu Gagnon (Presses de l’Université Laval, 2012) et Guide pratique sur l’Animation d’une communauté de recherche philosophique de Mathieu Gagnon (Presses de l’Université Laval, 2005).

Penser par et pour soi-même avec les autres

Video d’une communauté de recherche philosophique lors d’un cours en philosophie pour les enfants à l’université Laval. Des personnes vivant une situation où invitées à penser par et pour elles-mêmes, elles réfléchissent ensemble sur le sens à donner à cette expression: PENSER PAR ET POUR SOI-MÊME.  Des critères sont avancés, des conditions sont examinées, des exemples sont apportés, des contre-exemples sont examinés… et bien plus.  Aucune coupure dans le vidéo, présenté à l’état brut.  Quelle richesse!!!!  Comme si les yeux, ne pouvant se voir eux-mêmes, s’étaient rapprochés d’un miroir dont ils sont les créateurs pour mieux se regarder !  Merci à Benteau, Renou; Buist, Joanie; Bussière, Cyndie; Corriveau, Vincent; Coulombe Rosa, Maxime; Delorme, Mélina; Eisenblaetter, Camille; Fletcher, Natalie; Frenette Cloutier, Thomas; Gagnon, Danaé; Gagnon-Marquis, Xavier; Houle, Jean-Daniel; Huot, Marie-Pierre; Jérôme, Stéphanie; Lachance, Mélissa; Laprise, Hubert; Lefebvre, Arianne; Marroquin, Jacqueline; Nadeau, Geneviève; Paradis, Stéphanie et Séguin, Isabelle pour leur généreuses participations à cette communauté de recherche qui venait clore 40 heures de réflexion sur la dimension éthique de l’expérience humaine en s’inspirant du roman LISA et de son guide pédagogique RECHERCHES ÉTHIQUES écrits par Matthew Lipmnan et Ann Margaret Sharp, fondateurs de la philosophie pour les enfants.

Videos de la Conférence NAACI en juin 2014

Au mois de juin 2014, des membres de l’Association nord-américaine pour les communautés de recherche (NAACI) se sont réunis à l’Université Laval (Québec) afin de discuter des diverses applications de la communauté de recherche philosophiques dans le cadre du colloque NAACI 2014.  Voici quelques vidéos des conférences présentées lors de ce colloque.  Merci à Natalie Fletcher d’avoir pris soin de recueillir l’ensemble de ces vidéos.

L’observation d’une communauté de recherche philosophique

« On explique selon qu’on a su comprendre. On comprend selon qu’on a su observer. Compréhension et explication sont (…) tributaires d’une observation qui devra, pour susciter pleinement l’une et l’autre, être fine et complète. Elle tiendra sa finesse de l’acuité de vision physique et mentale de l’observateur et sa complétude du rigoureux souci qu’il aura de tenir sous regard, sans en laisser échapper aucune partie, l’entier de l’objet en cause. »
Gustave Guillaume, Langage et science du langage, p. 25.

Un exemple d’une classe en philosophie pour les enfants à l’Université Laval où 45 participants travaillent de concert à l’élaboration d’une communauté de recherche philosophique.  La photo a été prise à l’automne 2014.  Je tiens à remercier tous les participants d’avoir accepté que cette photo soit prise.

La transformation de la classe en communauté de recherche philosophique
Faire de la philosophie avec les enfants consiste d’abord à transformer la classe en communauté de recherche. Cette activité peut paraître, pour qui ne prend pas le temps d’observer finement ce qui s’y passe, à la fois banale et facile à accomplir.

Banale, dans la mesure où cette transformation consiste d’abord et avant tout à donner la parole aux enfants. Qu’il s’agisse d’une classe du primaire ou de secondaire, si celle-ci est transformée en une communauté de recherche philosophique, alors on y entendra des enfants ou des adolescents qui se parlent. Cependant, il n’est plus rare aujourd’hui d’entrer dans une école et d’y voir des jeunes en train de se parler à propos d’un sujet qui les intéresse. Et on ne dira pas pour autant qu’ils sont en train de transformer leur classe en communauté de recherche. À première vue, donc, rien de neuf sous le soleil, puisque certains affirment qu’ils le font déjà.

Facile à accomplir aussi, car inviter les enfants à parler, c’est répondre à l’un de leurs désirs fondamentaux. Et quand on va dans le sens d’un désir aussi fondamental que celui-ci, on se facilite la tâche. Les enfants aiment parler, aiment se dire entre eux des choses qui les intéressent. Cela semble d’ailleurs répondre à un désir humain largement partagé: celui d’échanger, d’interagir avec d’autres humains dans un contexte où le sens, la signification, devient de plus en plus un élément clef pour comprendre ce qui s’y passe. Pas étonnant que les enfants, comme les adultes, aient un goût si développé pour se dire des choses entre eux, lorsqu’on songe au fait que le pouvoir de parler avec d’autres êtres humains, c’est le pouvoir de partager et de comprendre le sens que l’on donne à son existence.

Mais s’il est vrai que l’école est un lieu où on respecte de plus en plus le goût qu’ont les enfants de parler entre eux, encore faut-il voir ce qui se cache sous la surface du « aimer parler ensemble ». Quand on est devant une communauté de recherche et qu’on décide de dépasser ce premier temps de l’observation, on découvre une structure, un ensemble de relations, d’outils, de moyens permettant d’atteindre des objectifs bien précis. Ces objectifs, à leur tour, sont déterminés par un but ultime: celui d’aider les enfants à développer leur habileté à juger d’une manière raisonnable, d’une manière à la fois critique et créatrice. En somme, sous la surface se cachent d’autres réalités, tout aussi réelles et tout aussi importantes, dont il faut tenir compte si on espère entrevoir un jour ou l’autre l’entier de l’objet que l’on est en train de construire: la communauté de recherche philosophique. Et lorsqu’on en tient compte, lorsqu’on prête attention à ces réalités non observables directement, alors on commence à comprendre de plus en plus et de mieux en mieux en quoi et pourquoi la transformation de la classe en communauté de recherche n’a rien de banal. Elle est plutôt quelque chose d’unique, d’exceptionnel, que bien peu de gens encore sont enclins à réaliser. Et elle n’a rien de facile non plus. Car si cette transformation répond à un désir profond des enfants, encore faut-il ajouter qu’elle implique l’engagement de personnes en train d’intérioriser une multiplicité d’habiletés cognitives – habileté à raisonner, à rechercher, à organiser l’information, à traduire, lesquelles comprennent des habiletés spécifiques encore plus nombreuses – et un ensemble de dispositions affectives – respect, écoute, entraide, collaboration, etc. – dont le nombre, la complexité et l’orchestration apparaissent pourtant nécessaires si on souhaite réaliser de plus en plus pleinement le but poursuivi: aider les enfants à penser par et pour eux-mêmes.

Pourquoi observer la communauté de recherche philosophique ?
Étant donné que la transformation de la classe en communauté de recherche est une tâche complexe, il importe de trouver des moyens qui permettraient de la rendre plus aisée. Après y avoir réfléchi, les membres de l’équipe de recherche et d’enseignement en philosophie pour enfants de la Faculté de philosophie de l’Université Laval en sont venus à la conclusion qu’une activité d’observation serait un moyen approprié pour parvenir à faciliter la mise en place d’une communauté de recherche et surtout pour parvenir à mieux saisir ce qu’il en est. Combinant à la fois l’observation physique et mentale, cette activité devrait permettre de voir plus complètement et plus profondément ce qui est en jeu au moment où une classe se transforme en communauté de recherche philosophique. Par là, nous espérons pouvoir mieux comprendre en quoi ce qui est construit et observé au moment de faire de la philosophie en communauté de recherche est un outil approprié au développement de personnes capables de penser par et pour elles-mêmes.

En fait, l’observation est une occasion de prendre conscience de l’évolution de la communauté de recherche, évolution qui semble s’opérer en chacun de ceux qui participent à la construction d’une communauté de recherche. Cette activité devrait donc aider à interpréter et à donner un sens aux expériences personnelles vécues pendant la pratique de la philosophie. Elle apportera peut-être quelques éléments de réponses à certaines questions telles que :

• Qu’est-ce qu’une communauté de recherche philosophique ?
L’activité d’observation que nous avons élaboré renferme douze points d’observation qui sont un peu comme douze régions d’un pays. Ils tentent, à l’instar des divisions géographiques, de couvrir progressivement plusieurs aspects d’une communauté de recherche philosophique. Toutefois, précisons que cette liste n’est pas exhaustive! C’est un début qui pourra être complété par l’ajout de nombreuses autres conduites cognitives, sociales et affectivess.

• En quoi consiste une bonne participation ?
L’activité d’observation fournit certaines conditions permettant de prendre conscience de la qualité de la participation et, par le fait même, elle invite à aller plus loin par la suite, c’est-à-dire au moment où l’on s’engage activement dans la discussion.

• Quel rôle peut jouer un animateur dans la communauté de recherche ?
L’activité qui consiste à se retirer momentanément de la discussion favorise un détachement à l’égard du sujet discuté et permet alors d’aborder, selon un autre point de vue, le dialogue qui se construit: l’attention ne porte plus uniquement sur le quoi (le sujet discuté) mais aussi sur le comment (le processus de recherche). Cette capacité d’attention à écouter et à observer ce qui se déroule sous nos yeux, bien qu’elle soit difficile à exercer au début, s’acquiert progressivement par la pratique. Elle semble elle-même indispensable pour devenir un bon animateur; savoir reconnaître à travers la discussion les forces et les faiblesses d’une communauté de recherche en formation, savoir reconnaître la présence ou l’absence de certains comportements cognitifs, sont autant d’outils permettant les interventions créatrices d’un animateur doué de jugement critique. L’observation prépare donc à animer.

Les procédures entourant l’observation
Les cours de philosophie pour les enfants offerts à l’université Laval se donnent de façon intensive. Pendant deux fins de semaine, les étudiants sont invités à vivre la création d’une communauté de recherche. Voici une description des procédures entourant l’activité d’observation lors de ces deux fins de semaine:
– Vendredi soir, première session (90 minutes). On demande d’abord aux étudiants de se présenter. Puis, une courte introduction leur permet d’entrevoir ce qui les attend et immédiatement un tiers du groupe est invité à prendre la position d’observateur. Ils peuvent demeurer assis autour de la table si le nombre total d’étudiants ne dépasse pas 30. Au-delà de ce nombre, ils doivent se situer hors du cercle et à s’asseoir autour des gens qui forment la communauté de recherche. Pour la première observation, on demande aux étudiants de prendre des notes au sujet de ce qu’ils trouvent important. Rien de plus ne leur est demandé. Et il n’y a qu’une seule règle à observer au moment où on observe: garder le silence. Mais à la fin de la session de travail, nous réservons 10 minutes pour demander aux observateurs de partager avec l’ensemble de la communauté ce qu’ils ont remarqué.

  • Vendredi soir, deuxième session (90 minutes): un autre tiers du groupe est invité à prendre la position d’observateur et à s’engager dans la même activité que les observateurs de la période précédente.
  • Samedi matin, première session (90 minutes): le dernier tiers du groupe occupe le rôle d’observateur.
  • Samedi matin, deuxième période (90 minutes): le premier tiers du groupe commence la seconde observation et ainsi de suite jusqu’à la fin de la seconde fin de semaine.

Cette façon de procéder donne à chaque étudiant la possibilité d’observer 5 fois. Alors que la première observation est libre, au sens où rien de spécifique n’est demandé aux étudiants, les autres activités d’observation (observation #2, 3, 4 et 5) sont très différentes. En effet, nous leur demandons alors d’observer certains éléments (conduites cognitives et dispositions affectives) que nous avons préalablement identifiés pour eux. Pendant chaque période d’observation, ils doivent identifier des parties du dialogue qui contiennent les éléments à observer.

OUTILS D’OBSERVATION

OBSERVATION #2

Pour cette observation, voici les trois comportements à observer :

  1. Le dialogue se réalise dans un climat de respect mutuel.
    Disposition
    Le respect constitue un fondement à la création et au développement d’une communauté de recherche. Il peut aussi en être le résultat. Il s’agit d’apprendre à considérer comme importants tant les membres que leurs propos. Ainsi, chacun accepte l’autre en tant que personne et ne s’en prend pas à lui au moment où il importe de remettre en question un argument apporté. En effet, une personne est bien plus que ses idées; la valeur d’un membre n’est pas réductible à ses idées, peu importe leur pertinence. Bien d’autres comportements peuvent manifester ce souci pour l’autre.
  2. Le dialogue conduit à dépasser la simple opinion.
    Disposition
    On ne saurait contribuer à la création d’une communauté de recherche philosophique sans développer cette disposition qui consiste à vouloir dépasser l’opinion pour examiner ce sur quoi elle repose. Par delà l’opinion se trouve le point de vue, le ce d’où l’on se place pour dire ce que l’on pense. C’est à partir de ce point de vue, de la mise en évidence de cette perspective que la délibération commence véritablement. C’est pourquoi, il ne sera pas rare d’entendre les participants d’une communauté de recherche demander pourquoi on affirme telle ou telle chose, exiger un supplément de clarification, manifester en somme le souci de dépasser ce qu’ils croient pour examiner ce qui fonde leurs croyances.
  3. Le dialogue contient des interventions qui sont en lien les unes avec les autres ET qui font progresser la recherche. Habileté à rechercher / à traduire

L’esprit de la communauté de recherche n’est pas tant de persuader les autres membres du bien-fondé de nos opinions que de créer un dialogue constructif se réalisant dans un climat de collaboration intellectuelle autour d’un même sujet qui confère une unité à la discussion. Cela implique que les membres apportent non seulement leurs propres idées mais tentent également d’enrichir les idées qui ont déjà été apportées par les autres. Il s’agit d’éviter les digressions, de ne pas simplement répéter des propos déjà mentionnés, de tenir compte des propos avancés pour construire et exprimer le sien, etc.

OBSERVATION #3

Pour cette observation, voici les trois points à observer :

  1. Le dialogue conduit les membres à reformuler en d’autres mots leur propre pensée ou celle d’autres membres afin d’expliquer ce qu’ils veulent dire. (Habileté à traduire)

Une bonne part du développement de la communauté de recherche repose sur le langage. C’est pourquoi il importe d’aider les autres à comprendre ce que l’on veut exprimer en faisant appel à divers moyens : soit, par exemple, en trouvant d’autres mots pour dire la même chose, ou bien en faisant appel à la communauté de recherche par le biais d’une question : quelqu’un peut-il m’aider à exprimer ce que je veux dire ? En effet, il n’est pas toujours facile de mettre en mots et d’organiser les idées qui se bousculent dans notre tête. Il arrive parfois qu’un membre saisisse rapidement notre idée et soit capable de la formuler plus clairement pour le bénéfice de tous. Négliger ce comportement, souvent parce qu’on veut économiser du temps, occasionne de nombreuses confusions et des malentendus qui peuvent retarder la recherche plutôt que de l’accélérer. Déployer une idée exige du temps.

2. Le dialogue contient des questions permettant d’approfondir la recherche. (Habileté à rechercher)

Les participants sont en mesure de reconnaître une contradiction dans l’information véhiculée ou un aspect problématique dans une situation et ils le font par le biais d’une question. La question joue le rôle d’une lampe de poche pour explorer les zones obscures de l’ignorance. Elle conduit à formuler plus clairement un problème, elle est parfois le point de départ de la recherche. La question permet aussi d’avancer sur certaines pistes ou de diriger l’attention sur certains aspects d’un problème sans qu’il soit nécessaire de prendre position quant à la solution. La pensée manifeste qu’il y a quelque chose d’important sans prendre partie, elle suspend son jugement. Remarquez la différence entre la réplique catégorique de Paul et l’interrogation de Julie.
Ginette : Il y a des occasions où l’on ne devrait pas rire parce que la situation est plutôt dramatique mais c’est plus fort que nous.
Pierre : Parfois on rit nerveusement parce que l’on veut détendre l’atmosphère.
Jean : Je me demande quel est le contraire du rire ?
Paul : D’après moi c’est la colère.
Julie : Pourquoi cela ne pourrait pas être la tristesse ?

3. Le dialogue fait appel à des exemples ET à des contre-exemples.

Habileté à organiser l’information
Donner un exemple consiste à citer un cas particulier permettant de concrétiser une règle, un principe, etc. Donner un contre-exemple consiste à citer un cas qui remet en cause une généralisation ou qui contredit un argument. Un bon outil pour défaire une généralisation hâtive est le contre-exemple.
Gilles : Je pense qu’une propriété fondamentale de la vie, c’est que la vie se nourrit de la vie. Un être vivant pour subsister doit manger un autre être vivant.
Claire : C’est clair qu’un lion a besoin de viande pour vivre, ou qu’une baleine a besoin de plancton pour demeurer en santé… [Exemple]
Mélanie : Mais la plante dans mon salon n’a absolument pas besoin de se nourrir d’autres êtres vivants pour continuer à exister. La lumière, l’eau, l’air et la terre lui suffisent amplement et ce ne sont pas des vivants. [Contre-exemple]

OBSERVATION #4

Pour cette observation, voici les comportements cognitifs à observer :

  1. Le dialogue conduit les membres à définir le sens de certains termes utilisés.
    Habileté à organiser l’information
    La plupart des concepts philosophiques ont cette propriété de ne pas être clairement définis, une fois pour toute. Ils font partie de cette zone grise du savoir et demandent par conséquent d’être régulièrement définis afin que la recherche progresse. Face à l’ambiguité, à l’absence de définition précises, des questions comme celles-ci s’imposent : 1 – Quel sens donnes-tu à ce mot là ? 2 – Y a-t-il des sens du mot qui peuvent embrouiller notre dialogue ? 3- Y a-t-il des mots voisins qui sont utiles à notre dialogue ? 4 – Y a-t-il des mots voisins qui sont nuisibles à notre dialogue ?
    Pedro : Qu’est-ce qui te fait penser que l’être humain est une créature évoluée ?
    Marie : C’est le seul être doué d’une conscience ?
    Hugo : D’ailleurs, c’est le seul animal qui enterre ses morts. C’est un signe qu’il possède une idée du bien et du mal.
    Luc : Je suis d’accord avec toi Hugo, mais le chien a aussi une conscience, il sait quand il a faim et il se sauve lorsqu’il y a du feu. Il a donc conscience que la chaleur est dangereuse pour lui.
    Victor : Cela n’empêche pas de remarquer que les chiens ou les chats n’ont pas de remords après avoir réalisé certaines actions.
    Marie : Luc, lorsque je parlais de conscience, j’entendais la même chose que Victor, c’est-à-dire une sorte de voix intérieure qui donne son approbation aux bonnes actions et qui nous avertit des mauvaises.
  2. Le dialogue conduit à dégager certains présupposés.
    Habileté à raisonner
    Un présupposé est un principe, ou une prémisse, ou encore une idéologie sur laquelle repose une opinion. Lorsqu’on expose un présupposé, on peut parfois découvrir la faiblesse de l’opinion émise ou, au contraire, la richesse et la force de ses fondements. Cette activité est intimement reliée à l’acte de philosopher, car cette activité consiste en partie à remonter vers les sources de notre savoir, ou du moins de ce qu’on croit savoir, afin d’y déceler non seulement ce qui paraît bien solide, mais aussi ce qui aurait besoin d’être rectifié afin que ce que l’on dit ou ce que l’on fait soit encore plus solidement ancré. Comme le dit l’adage, une maison ne pourra jamais être plus solide que les fondements sur lesquels elle repose.
    Josée : Les chiens ne sont pas intelligents parce qu’ils ne parlent pas.Luc : Quel lien fais-tu exactement entre l’intelligence et l’activité de parler?Josée : À mon avis, seuls les êtres qui utilisent le langage verbal sont intelligents.
    Dans sa seconde intervention, Josée, grâce à la question de Luc, exprime ce qu’elle supposait dans sa première. Car, pour soutenir que les chiens ne sont pas intelligents parce qu’ils ne parlent pas, encore fallait-il qu’elle croit que seuls les êtres qui utilisent le langage verbal sont intelligents. Voilà une pensée qui vient fonder son premier jugement. Évidemment, quelqu’un pourrait demander quelle est la valeur de ce jugement fondateur. Pourra-t-il vraiment résister à l’examen critique d’une enquête minitieuse? Si oui, alors on pourra affirmer, au moins momentanément, que seuls les êtres qui utilisent le langage verbal sont intelligents. Autrement, il faudra se défaire de ce préjugé. S’engager dans une enquête en communauté de recherche, c’est accepter de mettre entre parenthèses les préjugés qui viennent parfois hanter nos jugements.
  3. Le dialogue conduit à l’identification de critères.
    Habileté à organiser l’information
    Un critère est une raison déterminante pour juger une situation, un fait, en somme pour fonder un jugement. La racine indo-européenne du mot critère est KER, et exprime l’idée de couper. Le grec en a tiré les mots krino ( séparer, décider, juger ) kritérion ( moyen de juger ) , d’où le français critérium, cribler ( sasser, tamiser, trier, calibrer, dans Robert 1 ). On procède par exemple au criblage mécanique du minerais par grosseur des morceaux. Cela produit un classement du minerais selon le critère de la grosseur. Sous cet aspect, l’amas de minerais devient mieux connu. Si on avait utilisé un autre critère, le minerais aurait été mieux connu sous un autre aspect.
    Le critère permet de cribler, de couper, de distinguer des choses qui étaient confondues au départ. C’est un outil de jugement. L’architecte juge son travail selon les critères de l’utilité, de la sécurité et de la beauté. Le juge utilise le légal et l’illégal comme critères, le prouvé et le non prouvé. Si bien que l’on peut dire qu’un critère est une règle, un principe utilisé dans l’élaboration d’un jugement.
    Il n’est pas de jugement sans activité de criblage. Pour parler d’une pensée non critique, on pourrait employer les expressions suivantes : flasque, arbitraire, hasardeuse, non structurée. La personne qui procède ainsi ne peut se déclarer responsable des jugements qu’elle porte, puisqu’elle ne prend pas le soin de déterminer le critère qu’elle utilise. En effet, enlevez les critères de la discussion qui suit et voyez ce qui reste.
    Dans ce dialogue, la question suivante est débattue « Est-ce qu’on peut dire que mon corps m’appartient ? » Les personnages ne pouvaient discuter de cette question sans faire intervenir des critères.
    Lucie : Mon corps m’appartient parce que je peux faire ce que je veux avec. Parce que j’exerce un contrôle sur mon corps.
    Louise : Mais ton corps t’appartient-t-il de la même façon que ton crayon t’appartient?
    Jean : Si on prend le critère que Lucie vient d’énoncer, on peut dire que oui : je peux faire ce que je veux avec mon crayon comme je peux faire ce que je veux avec mon corps: marcher, rire, etc…
    Johanne : Je ne suis pas d’accord. Il y a des tas de choses que fait mon corps et sur lesquelles je n’ai aucun contrôle. Ma digestion, des tics nerveux, des maladies.
    Lucie : C’est vrai. Il n’est pas certain que le critère du contrôle soit suffisant ou nécessaire pour affirmer que quelque chose nous appartient parce…
    Marie : Proposez un autre critère alors.
    Lucie : Est-ce que quelqu’un a un autre critère à proposer. Comment on peut savoir si quelque chose nous appartient ?
    Claudine : Si mon crayon m’appartient, c’est parce que je l’ai acheté ou que je l’ai reçu en cadeau, mais on ne peut pas vraiment dire ça de notre corps…
    Marie : Dans un sens oui, on pourrait dire qu’on a reçu notre corps en cadeau, qu’il nous est seulement prêté. Mais s’il nous est prêté, peut-on dire qu’il nous appartient ?

OBSERVATION #5

Pour cette observation, voici les trois comportements cognitifs à observer :

  1. Le dialogue contient des analogies ou des comparaisons appropriées.
    Habileté à traduire
    L’analogie est un instrument de recherche particulièrement puissant. Elle peut servir de point de départ pour de nouvelles investigations. A la manière de l’exemple, elle permet d’illustrer, de faire voir, de faire comprendre. En partant du plus connu, on fait comprendre quelque chose de moins connu. Elle peut parfois aider à saisir une idée qui apparait confuse ou difficile à comprendre. L’analogie est souvent représentée comme un rapport de proportion entre 4 termes: A est à B ce que C est à D. Exemple : mon esprit est à mon corps ce que le pilote est à son navire.

    A      ~           C        Esprit   ~  Pilote
    B      =           D        Corps    =  Navire
    

• Dans La découverte de Harry, pp. 7 et 8, Harry montre qu’il y a plusieurs façon de dire 10, de même, plusieurs façons de dire tout.
• Il y a une chaise, donc il y a un fabriquant de chaise. Il y a le monde créé, donc il y a le créateur.
• La violence ? Comme la foudre, elle détruit ce qu’elle frappe. La violence, qu’elle soit physique ou verbale, masculine ou féminine, animale ou humaine, détruit ce qu’elle frappe.
• Moi je dirais que notre corps nous appartient comme une partie à un tout. C’est-à-dire que notre bras nous appartient de la même façon qu’une portière appartient à l’automobile.

2. Le dialogue contient des idées présentées sous forme d’hypothèses à examiner.

Habileté à rechercher
Une hypothèse est un outil conçu pour expliquer ce qui a été observé. Elle commande la recherche de preuves. Si de nouvelles preuves sont découvertes, l’hypothèse gagne en probabilité. Sinon, l’hypothèse est infirmée. L’hypothèse a toujours la propriété de gouverner une recherche. Sa valeur se ramène à ce qu’elle permet de découvrir. Elle a le mérite, en outre, de mettre l’accent sur les structures de raisonnement sans pour autant que les participants soient obligés d’adhérer à l’idée présentée. Elle permet, en plus, d’examiner en profondeur des opinions qui, autrement, auraient pu être jugées d’emblée farfelues et rejetées. C’est pourquoi il est profitable de présenter ses idées sous forme d’hypothèses à examiner plutôt que sous l’angle de certitudes à défendre. L’expression hypothétique, renvoie à probable; elle s’oppose à catégorique, certain, effectif, évident, indubitable.
François : Les scientifiques remontent le temps jusqu’au Big Bang, mais avant le Big Bang il n’y avait rien c’est pourquoi je pense que l’univers a un commencement et qu’il a dû être créé par Dieu.
Michelle : Je ne crois pas que Dieu existe. Alors pour moi l’univers a toujours existé et il y avait sûrement quelque chose avant le Big Bang.
Danielle : Un instant, un instant ! Si on tentait de regarder les différentes possibilités plutôt que de donner simplement nos opinions personnelles.
Alex : Je pense comprendre ce que tu veux qu’on fasse. Il serait possible d’imaginer un monde qui n’a pas de commencement et qui serait tout de même créé par un dieu quelconque.
Danielle : Oui, c’est ça ! J’en ai une autre : le monde a eu un commencement et il n’a été créé par aucun Dieu.
François : Ce que tu dis Danielle n’est pas vrai.
Alex : Il ne s’agit pas de savoir si cela peut exister vraiment François, on émet seulement des hypothèses. On pourra toujours regarder ensuite si ce que dit Danielle est logiquement acceptable.

3. Le dialogue met en évidence les conséquences des propos avancés.

Habileté à raisonner
La mise en évidence des conséquences (sur le plan logique ou moral, par exemple) des positions soutenues nous permet de pousser plus loin la réflexion. Une opinion peut sembler probable, mais une fois qu’on en examine les conséquences, il est possible qu’elle soit rejetée ou, au contraire, qu’on reconnaisse davantage sa valeur.
Le mot conséquence vient du latin consequi qui signifie «suivre». On parle de conséquence pour la suite d’une action, ce qu’entraîne un fait, ce qui découle d’un principe. Au mot conséquence, le dictionnaire renvoie à effet, résultat, réaction, suite. Les mots absurde, incohérent et inconséquent sont à l’opposé. On exprime la conséquence par des expressions comme : ainsi, dès lors, donc, partant. À titre d’exemple, on pourrait examiner les conséquences des propositions suivantes : Il n’y a pas plus de différence entre l’être humain et l’animal qu’entre le chien et le chat. Est-ce qu’une opinion dont les conséquences sont innaceptables est aussi inacceptable ? Est-il important d’examiner les conséquences de ses opinions ou décisions ?
Josée : Pensez-vous que les chiens sont intelligents ?
Guy : Je ne le crois pas car ils ne sont pas capables de parler.
Julie : Est-ce que cela voudrait dire que les bébés ne sont pas intelligents parce qu’ils ne parlent pas ?
Jacques : Je suis en désaccord avec Guy parce que je pense que les chiens sont intelligents dans la mesure où ils peuvent comprendre certains messages.
Guy : Dans ce cas, mon frère ne l’est pas du tout : il ne comprend jamais rien à ce que je dis.

Historique et problématique

Depuis 1987, la Faculté de philosophie offre des cours en philosophie pour enfants. Ces cours, qui s’adressent principalement aux futurs maîtres du primaire et du secondaire désirant faire de la philosophie avec les enfants, utilisent une formule pédagogique permettant à chaque étudiant d’expérimenter la conduite d’un séminaire de recherche. Une telle pédagogie s’inspire du principe suivant: les programmes de formation doivent être à l’image des conditions d’apprentissage que les enseignants auront à créer dans les écoles. En d’autres termes, il ne suffit pas que le futur enseignant ait acquis seulement une connaissance livresque ou théorique des moyens pédagogiques; il doit, à travers une expérience personnelle intensive, en avoir découvert les potentialités et les conditions d’une utilisation appropriée. Pour atteindre cet objectif, il paraissait nécessaire, dès le début, de limiter le nombre d’étudiants par section à vingt-cinq environ. Malheureusement, en 1995, les restrictions budgétaires ne permettaient plus de maintenir ce nombre idéal d’étudiants. À l’avenir, nous devrons conserver une moyenne annuelle de trente-trois étudiants par section. Cette moyenne nous obligea parfois, comme ce fut le cas déjà à la session d’hiver 1995, à accepter près de cinquante étudiants par section. Or, étant donné que les cours de philosophie pour enfants supposent en principe la participation active de tous les étudiants, il était extrêmement difficile de continuer à les offrir sans apporter des modifications majeures à la pédagogie utilisée. Il est question, par conséquent, de la qualité de la formation offerte, laquelle n’est pas étrangère à la popularité grandissante des cours de philosophie pour enfants.

Dès le mois de janvier 1995, l’équipe de recherche en philosophie pour enfants s’est penché sur le problème afin de trouver une solution satisfaisante qui rendrait la pédagogie aussi intéressante et enrichissante qu’elle l’était lors des sessions antérieures. L’hypothèse envisagée fut de créer une activité par laquelle tous les étudiants d’une section deviendraient à tour de rôle (à raison d’un tiers du groupe à la fois) des observateurs ne participant pas directement à la discussion du séminaire de recherche. Leur tâche consisterait alors à identifier les conduites cognitives et les dispositions affectives que sous-tend l’activité philosophique dans le cadre d’une communauté de recherche. Dès lors, pensions-nous, le nombre de personnes activement engagées dans la discussion resterait approximativement le même qu’auparavant et la formule pédagogique initiale pourrait être conservée intégralement.

Nous avons introduit l’activité d’observation lors de la session d’hiver 1995. Grâce à cette modification, nous avons pu maintenir le nombre d’étudiants actifs à trente ou moins. Les nombreuses remarques provenant des étudiants nous permettent de conclure que cette activité, loin d’altérer négativement la qualité des apprentissages, permet plutôt une intériorisation plus approfondie des conduites philosophiques visées par les cours de philosophie pour enfants. À elle seule, cette raison nous a convaincus de maintenir l’activité d’observation dans les cours de philosophie pour enfants pour les sessions à venir.

Néanmoins, les commentaires des étudiants de la session d’hiver 1995 nous ont révélé que l’activité d’observation présente certaines difficultés. Ainsi, certains étudiants ont souligné que les outils mis à leur disposition lors de l’observation n’étaient pas suffisamment fonctionnels; d’autres ont avancé que l’activité était ennuyante par moments; d’autres encore ont affirmé qu’il n’est pas aisé d’observer et de suivre la discussion en même temps; quelques-uns estimaient que l’activité crée parfois un sentiment d’isolement qui va à l’encontre de la création d’une communauté de chercheurs. Afin de préserver la qualité de la formation offerte dans les cours de philosophie pour enfants et de maintenir l’attrait que présentent ces cours pour les étudiants universitaires, il importait donc d’engager dans les plus brefs délais une recherche approfondie concernant les difficultés reliées à l’activité d’observation. Si cette activité permet d’améliorer les apprentissages et d’augmenter le nombre d’étudiants par section, elle semblait néanmoins entraîner des effets secondaires non désirés qu’il convenait de définir précisément et d’éliminer le plus rapidement possible. Ainsi que nous pouvons le constater, la solution que nous avions imaginée entraîne des problèmes dont les implications peuvent être tout aussi nombreuses que déterminantes. Depuis ce temps, plusieurs modifications ont été apportées à l’activité d’observation rendant celle-ci plus appropriée. J’y reviendrai dans un prochain article.

Impacts potentiels du projet

La réalisation du projet d’innovation pédagogique nous a permis de:

• construire un modèle pédagogique de type séminaire pouvant être utilisé avec des grands groupes. Ce modèle pourrait être utilisé par d’autres unités de l’université qui espèrent employer la formule séminaire au premier cycle;

• créer un modèle pédagogique susceptible d’être utilisé dans les séminaires de deuxième et troisième cycle;

• accroître la qualité de l’enseignement offert dans les cours de philosophie pour enfants;

• susciter et d’entretenir la motivation en ce qui a trait à la recherche des moyens permettant d’améliorer la qualité de la formation offerte dans les cours de philosophie pour enfants;

• accroître la concertation et la collaboration entre les différents membres de l’équipe de philosophie pour enfants dans la mise en place cohérente des outils d’observation dans les cours de philosophie pour enfants;

• diminuer les coûts reliés à l’enseignement des cours de philosophie pour enfants (plus il y a d’étudiants par section, moins il y a de sections) sans diminuer pour autant la qualité de la formation qui y est offerte.

Depuis l’automne 2014, nous avons ajouté un outil internet (Backchannelchat) pour les observateurs qui leur permet d’utiliser leur tablette, téléphone intelligent, ordinateur afin d’être tous en connection au moment d’observer. Ils peuvent ainsi profiter de toutes les observations des observateurs. Nous pensons que l’utilisation de cet outil favorise l’attention des observateurs et leur donne la possibilité d’apprendre les uns des autres. Ceci va tout à fait dans le sens de la collaboration qui est souhaitée en philosophie pour les enfants.

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